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ral, on n’en est pas encore venu là, et il est probable qu’on n’y arrivera pas de sitôt. — Il n’est aucune science qui soit naturellement en opposition avec la philosophie ; toutes les sciences trouvent bien plutôt par elle et en elle leur unité. Il s’agit donc ici seulement de la science telle qu’elle existe dans la tête du premier individu, et celle-là, en effet, est en opposition avec la science des sciences, mais c’est tant pis pour elle. Nous dira-t-on pourquoi la géométrie est depuis si long-temps dans une inébranlable possession de ses principes et dans un progrès tranquille ?

Je suis convaincu que rien n’est propre à inspirer le respect pour la science comme l’étude approfondie de la philosophie, quoique ce respect pour la science puisse bien n’être pas toujours le respect pour les sciences telles qu’elles existent actuellement. Et si ceux qui, dans la philosophie, ont appris à se former une idée juste de la vérité, se détournent de l’absence de principes et de l’incohérence d’idées, qui, dans certaines spécialités, sont données sous le nom de sciences, s’ils cherchent quelque chose de plus profond, de plus solide, de mieux coordonné, cela certes est un gain pur et net pour la science elle-même.

Que de jeunes intelligences qui, n’ayant pas d’opinion faite d’avance, abordent les sciences avec le sens de la vérité, dans sa pureté primitive et non encore faussé, doivent être soigneusement préservées du moindre souffle du doute sur ce qui a été jusqu’à pré-