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d’un ton doucereux. Ils prouvent seulement, par là, combien peu ils comprennent la moralité. Il n’existe pas de moralité sans les idées, et toute action morale n’est que l’expression des idées.

L’autre tendance y dans laquelle se confond la première, et qui doit entraîner la destruction de tout ce qui est fondé sur les idées, est celle qui a pour but exclusif l’utile. Si ce principe devient la règle suprême dans laquelle toute chose s’appuie, il doit aussi s’appliquer à la constitution de l’Etat. Mais, maintenant, y a-t-il une garantie plus variable que celle-là ? Aujourd’hui, une chose est utile, demain ce sera le contraire. En outre, ce principe, de quelque manière qu’il agisse, doit, en se propageant, éteindre toute grandeur et toute énergie dans une nation. Avec cette règle d’appréciation, l’invention d’une machine à filer sera plus importante que la découverte du système du monde ; l’introduction dans une contrée, de la manière espagnole d’élever les moutons, sera considérée comme un plus grand événement que la civilisation d’un monde par la puissance presque divine d’un conquérant. S’il était une philosophie capable de rendre une nation grande, ce serait celle qui réside entièrement dans les idées, qui ne raffine pas sur le plaisir, et ne préconise pas l’amour de la vie comme le premier penchant de l’homme, mais qui enseigne le mépris de la mort, sans s’amuser à classer psychologiquement les vertus des grands caractères. En Allemagne, puisque tout lien extérieur, sous ce rap-