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intuition. C’est dans ce sens seulement que la philologie proprement dite doit être traitée et enseignée dans les Universités. Le professeur académique ne doit pas être un maître de langues. — Je reviens à ma première proposition.

Le langage considéré en lui-même et pour lui-même, au point de vue purement grammatical, est déjà une logique développée et appliquée. Or, toute éducation scientifique consiste dans la faculté de reconnaître les possibilités logiques, tandis qu’au contraire la connaissance commune ne saisit que les réalités. Le physicien, lorsqu’il a reconnu que sous certaines conditions un phénomène est véritablement possible, en a aussi reconnu la réalité. L’étude du langage, comme interprétation, mais surtout comme amélioration du texte à l’aide de conjectures, exerce cette faculté de reconnaître les possibles d’une manière proportionnée à l’intelligence des enfants. Cela même peut encore, dans l’âge mûr, occuper agréablement un esprit qui a conservé quelque chose de l’enfance.

C’est une chose qui développe immédiatement l’intelligence que de reconnaître dans une langue morte l’esprit vivant qui l’anime, et on ne doit pas chercher un autre rapport que celui du naturaliste avec la nature. La nature est pour nous un auteur ancien par excellence, quia écrit en hiéroglyphes, et dont les pages sont colossales, comme dit l’artiste dans Goethe. De même celui qui veut étudier la nature