Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elles imposent, c’est avoir peur de l’art dans la science.

Reproduire le sujet donné, non sous la forme donnée et particulière qui seule peut être apprise, mais sous une forme originale et personnelle, tel est le véritable complément de l’enseignement lui-même. Apprendre n’est qu’une condition négative. Une véritable intussusception n’est pas possible sans une transformation en sa propre substance. Toutes les règles que l’on peut prescrire pour étudier se résument en une seule : « Apprends seulement pour produire toi-même. » Ce n’est que par cette divine faculté de produire que l’on est véritablement homme. Sans elle on n’est qu’une machine plus ou moins habilement réglée. Celui qui, avec une inspiration semblable à celle de l’artiste, lorsque celui-ci fait sortir d’une masse grossière l’image de son ame et de sa propre pensée, n’est pas arrivé à façonner complètement l’image de la science dans tous ses traits et toutes ses parties, jusqu’à ce qu’elle lui paraisse parfaitement conforme avec son modèle idéal, ne l’a pas pénétrée à fond.

Tout acte de production consiste dans une rencontre ou une pénétration réciproque du général et du particulier. Saisir vivement l’opposition d’un objet particulier avec l’absolu, et en même temps l’unité des deux termes dans un acte indivisible de la pensée, tel est le secret de la production. Par là se forment ces points élevés d’unité, par où les éléments séparés se