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L’idée d’étudier renferme déjà en soi, et en particulier d’après les caractères de l’éducation moderne, un double point de vue. Le premier est le point de vue historique. Sous ce rapport, il s’agit simplement d’apprendre. La nécessité inévitable d’emprisonner sa volonté et de la soumettre à cette obligation d’apprendre dans toutes les sciences, résulte déjà de ce qui a été démontré antérieurement. Ce qui égare les meilleurs esprits dans l’accomplissement de cette condition est une erreur très-ordinaire.

Ils sentent que, dans le fait d’apprendre, c’est plutôt leur attention que leur activité intellectuelle qui est mise en jeu ; et, comme l’activité est un état plus naturel, ils prennent toute espèce d’activité pour une plus haute manifestation de l’intelligence et du talent ; même lorsque la facilité à se former des idées à soi, à faire éclore des plans nouveaux, a son principe plutôt dans l’ignorance des véritables objets et des vrais problêmes de la science, que dans une réelle fécondité d’esprit. Celui qui apprend, au contraire, lors même qu’il est guidé par un enseignement vivant, n’a déjà plus la liberté de choisir. Il lui faut passer par toutes les questions, par le difficile comme par le facile, par ce qui offre moins d’attrait comme par ce qui intéresse davantage. Les questions se succèdent non arbitrairement, d’après l’association des idées, ou selon le goût du moment, mais dans un ordre nécessaire. Dans le jeu capricieux de la pensée, l’imagination elle-même étant médiocrement exci-