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nique dans sa science, mais par la faculté d’en pénétrer les détails avec les idées d’un esprit habitué aux conceptions générales, que Licthtenberg a été le physicien le plus distingué de son temps, et le meilleur maître dans sa spécialité.

Je dois mentionner ici une idée fausse qui se rencontre ordinairement chez ceux que l’on engage à traiter leur spécialité dans l’esprit de l’ensemble. Ils s’imaginent qu’on leur demande de considérer celle-ci comme un simple moyen. Mais c’est bien plutôt précisément le contraire qui a lieu. Du moment où chacun cultive sa science dans son rapport avec l’esprit du tout, il la considère comme son propre but et comme absolue. Déjà en soi, rien de ce qui joue le rôle de simple moyen ne peut être regardé comme membre dans un véritable organisme. Ainsi, tout État n’est parfait qu’autant que chaque membre particulier est à la fois moyen pour le tout et but pour lui-même. Par cela même que l’élément particulier est absolu en soi, il est aussi dans l’absolu ; il en est une partie intégrante, et réciproquement.

Plus un savant conçoit sa spécialité comme but en elle-même, et en fait même le centre de la science entière, pouvant, de ce point central, s’étendre dans toutes les directions et embrasser l’universalité des choses, plus il tend à exprimer, dans ce cercle, l’esprit général de la science et les idées. Au contraire, moins il est capable de la saisir de ce coup d’œil universel, qu’il le sache ou qu’il l’ignore, plus