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comme une sorte de religion. Le philosophe reconnaît dans leur histoire les desseins non encore dévoilés, pour ainsi dire, de l’esprit universel. La science la plus haute, le génie le plus profond se sont identifiés avec cette connaissance.

Mais autre chose est de faire du passé lui-même l’objet de la science, autre chose, de substituer la connaissance du passé à la science. Dans ce cas, la connaissance historique a pour résultat de fermer tout accès au modèle primitif. On ne se demande plus, dés-lors, si quelque chose s’accorde avec l’essence de la science, mais si cela s’accorde avec quelque déduction plus ou moins éloignée, qui n’en est qu’une image imparfaite. Aristote avait, dans ses écrits sur la physique et l’histoire naturelle, interrogé, comme il convient, la nature elle-même. Dans les siècles suivants, l’intelligence de ce principe se perdit si bien, qu’Aristote remplaça lui-même le modèle primitif, et que son autorité fut invoquée contre les découvertes évidentes de Descartes, de Keppler, etc. C’est d’après le même mode de culture historique, que, pour une grande partie de ce qu’on nomme les savants, aucune idée, jusqu’à ce jour, n’a eu d’importance et de réalité, avant qu’elle fût passée par d’autres têtes et fût devenue historique, quelque chose de passé.

C’est plus ou moins dans cet esprit du savoir historique que nos Académies ont été érigées, moins peut-être à la première époque de la renaissance des