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cours à l’unité de l’esprit de la terre, inné à tous les hommes ; mais elle n’explique pas le premier commencement, et, comme toute hypothèse empirique, elle ne fait que reculer la question.

Quoiqu’il en soit, il est reconnu que le premier moyen, par lequel se sont transmis les hautes idées, les grandes actions, les mœurs, les usages, a été les symboles ; de même que les dogmes des anciennes religions n’ont été eux-mêmes conservés que par leur liaison avec les usages religieux. La formation des Etats, les lois, les établissements particuliers qui ont été fondés pour maintenir la prépondérance du principe divin dans l’humanité, étaient également, d’après leur nature, autant d’expressions des idées spéculatives. L’invention de l’écriture ne fit que donner d’abord à la tradition une plus grande fixité. La pensée de déposer dans la matière spirituelle du langage une empreinte de la forme et de l’art, qui eût une valeur plus durable, ne pouvait naître que plus tard. Comme dans la plus belle fleur de l’humanité, la moralité elle-même n’appartenait pas, en quelque sorte, en propre à l’individu, mais était l’esprit de l’ensemble d’où elle émanait et où elle retournait, de même la science aussi vivait dans la lumière et l’éther de la vie publique, au sein d’une organisation générale. S’il est vrai qu’en général, dans les temps postérieurs, on se détacha davantage du réel, et que la vie devint plus intérieure, il en fut de même de la science. Le monde moderne est en tout, et particulièrement dans la