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sel qui doit unir tous les hommes. Quant à la philosophie, elle n’est jamais propre à ces usages. Tout au plus n’est-elle bonne qu’au dernier, c’est-à-dire à mettre la guerre dans la science en combattant les esprits superficiels et les apôtres de l’utile ; elle doit donc être en principe hautement rejetée.

Ceux qui ne comprennent pas le sens de cette unité absolue de la science et de l’action mettent en avant contre elle des propositions banales, semblables à celles-ci : si la science s’accordait avec la pratique, celle-ci serait toujours la conséquence de celle là (quoiqu’on puisse très-bien connaître les règles du juste sans pour cela les observer), et autres maximes du même genre. — Ils ont parfaitement raison de dire que l’action n’est pas la conséquence du savoir, et ils expriment dans cette réflexion cette vérité : que la science ne doit pas être un moyen pour l’action. Ils n’ont tort qu’en un point : c’est d’attendre une telle conséquence. Ils ne comprennent aucun rapport entre deux choses absolues ; ils ne voient pas comment chacune d’elles, quoique particulière, peut être en soi indépendante, et ils font l’une, malgré sa qualité début, aussi dépendante que l’autre en sa qualité de moyen.

La science et l’action ne peuvent être dans une véritable harmonie qu’autant qu’elles sont également absolues. De môme qu’il n’y a aucune véritable science qui ne soit médiatement ou immédiatement l’expression de la science première, de même il n’y