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système succède à un autre, et, d’abord, si l’esprit humain peut se passer de système ?

Nous ferons remarquer d’abord que cet état ne serait pas moins que l’anarchie dans le monde de la pensée. Or, l’anarchie est mortelle à la science comme à la société. Mais cet état n’est pas possible ; du moins, il ne peut exister d’une manière complète et absolue.

On s’imagine que quand un système a régné quelque temps et que ses défauts ont été mis à nu, que ses tendances dangereuses ont été dévoilées, son empire cesse, qu’il perd toute influence, qu’il abdique et se retire en attendant qu’un autre apparaisses son tour et vienne paisiblement s’asseoir à sa place. Erreur grossière ; il n’y a point d’interrègne entre les systèmes. L’esprit humain est toujours gouverné par quelqu’idée générale, à laquelle il s’attache comme à son étoile polaire ; il la suit encore lorsque l’astre a commencé à pâlir ou ne lui offre plus qu’une lueur incertaine.

Sans doute, chaque système a son époque de jeunesse et de grandeur, puis son âge de vieillesse et de déclin. Mais qu’on ne le croie pas déjà vaincu et couché dans la tombe, parce qu’on a surpris en lui des symptômes de faiblesse ou de décrépitude, parce que, sur une foule de points, la critique a démontré ses erreurs et signalé les funestes suites qu’il entraine après lui. Il y a deux manières de réfu-