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prêcher l’action. Agir, se dit-on, chacun se peut ; car cela ne dépend que de la volonté libre. Mais la science et en particulier la philosophie, il n’est pas donné à tout le monde d’y arriver, et, sans parler des autres conditions, la meilleure volonté ne suffit pas pour y réussir.

Nous posons, au sujet de l’objection précédente, la question suivante : Quelle sera l’action dont la science doit être le moyen ? Quelle sera la science dont l’action doit être le but ?

Quel fondement se laisse entrevoir seulement à la possibilité d’une telle opposition ?

Si le principe que je dois invoquer ne peut recevoir sa parfaite lumière que dans la philosophie, cela n’empêche pas qu’il ne puisse au moins se comprendre dans son application présente. Pour peu que l’on ait saisi en général l’idée de l’absolu, on doit voir qu’en lui on ne peut concevoir qu’un seul principe à la possibilité d’une opposition, et que, par conséquent, si en général on peut imaginer que de lui naissent des oppositions, toutes doivent découler de ce principe unique. Or, la nature de l’absolu consiste en ceci : à être comme l’idéal absolu, en même temps aussi le réel.

En vertu de ce principe, deux choses sont possibles : ou, en tant qu’il est l’idéal, il développe son essence dans la forme, c’est-à-dire dans le réel, ou, en tant qu’il est le réel, celui-ci ne pouvant être absolu qu’en lui, la forme se résout aussi éternellement dans l’essence, de sorte que essence et forme se pénètrent par-