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même, comme étant l’être absolument idéal, elle existe cependant aussi pour nous ; nous la concevons comme l’essence de toute chose, comme l’idée éternelle. La science humaine dans sa totalité est destinée à être une image de cette science éternelle. Il va sans dire que je ne parle pas des sciences particulières qui se sont d’autant plus éloignées de leur véritable modèle primitif, qu’elles se sont détachées davantage de cette totalité. Sans doute la science, dans son universalité, ne peut être que le reflet plus ou moins parfait de cette science idéale ; mais toute science prise isolément chaque science particulière est comprise dans ce tout comme une partie organique. Toute science, par conséquent, qui ne se rattache pas médiatement ou immédiatement à la science absolue, quelque nombreux que soient, du reste, les anneaux intermédiaires, est sans réalité et insignifiante.

De la faculté de voir toutes choses, même les connaissances de détail, dans leur rapport avec la science première et une, dépend cet avantage de travailler dans chaque science particulière avec intelligence, et avec cette haute inspiration qu’on nomme le génie. Toute pensée qui n’a pas été pensée dans cet esprit de l’unité et de l’universalité est en soi vide et doit être rejetée. Ce qui n’est pas susceptible d’être saisi harmoniquement dans cet ensemble organisé et vivant, est une substance inerte qui, d’après les lois organiques, sera tôt ou tard expulsée. Peut-être existe-t-il aussi dans l’empire de la science bon nombre d’abeil-