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pardonnera d’insister sur ce point, vu son importance et la gravité des conséquences.

Qu’est-ce qu’un système philosophique ? Un ensemble de solutions aux grands problèmes que la raison humaine s’est de tout temps posés sur les objets qui l’intéressent le plus, sur Dieu, la nature et l’homme ; solutions qui toutes doivent découler d’un principe unique, naître d’une même idée, base du système entier. Il n’y a de système qu’à cette condition d’une idée fondamentale qui contienne en germe toutes les réponses aux questions partielles. Cette idée est une manière nouvelle et générale d’envisager les choses dans leur principe et leur essence. Sans elle, il n’y a pas plus de système, que de sphère ou de circonférence sans un centre d’où partent les rayons. Elle absente, il peut y avoir dans la science des vues particulières, des recherches de détail, des travaux d’histoire et d’érudition, mais point d’unité, d’esprit commun qui les inspire et les dirige. Sans elle aussi, il n’y a point de haute et durable influence sur les esprits, et l’on ne peut aspirer, je ne dis pas à gouverner son siècle, mais à fonder même une école qui mérite ce nom.

Si telle est la nature et la portée d’un système philosophique, et si tels ont été en effet tous les véritables systèmes, ceux de Pythagore, de Platon, d’Aristote, dans l’antiquité, chez les modernes, ceux de Descartes, de Leibnitz, de Kant, voyons comment un