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croient en avoir besoin pour la profession à laquelle ils se destinent.

L’embarras dans lequel se trouvent les meilleurs sujets, aussi bien sur le choix des objets d’étude que sur la manière de les étudier, fait qu’il n’est pas rare de les voir accorder leur confiance à des hommes indignes, qui leur communiquent leurs idées grossières sur les sciences ou leur haine contre elles.

Il est donc nécessaire que, dans les universités, un enseignement public soit donné, qui traite, d’une manière générale, du but, de la méthode des études académiques, et de l’ensemble des objets qu’elles doivent embrasser.

À ces motifs s’en ajoute un autre. Dans la science elle-même et dans l’art, le particulier n’a de valeur qu’autant qu’il renferme en soi le général et l’absolu. Mais il n’arrive que trop souvent, comme la plupart des exemples le prouvent, que la culture générale de l’intelligence est négligée pour des études spéciales ; que, tout préoccupé de devenir un jurisconsulte ou un médecin distingué, on oublie bien vite la haute destination du savant et de l’esprit ennobli par la science. On pourrait nous rappeler que, contre cette tendance exclusive, l’étude des sciences abstraites est un remède suffisant. Je ne suis pas disposé à nier ce principe dans sa généralité. Loin de là, je le maintiens bien plutôt. La géométrie et les mathématiques élèvent l’esprit à une connaissance pure et rationnelle, qui n’a pas besoin de matériaux sensibles. La philoso-