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buaient à propager ce mouvement par leurs travaux sur la littérature indienne et sur la poésie du moyen-âge. W. Schlégel traduisait Shakespeare et faisait des leçons sur Dante. De l’oubli et du mépris, on était passé à une admiration souvent non moins exclusive et à un enthousiasme qui, chez quelques uns devait aller jusqu’au fanatisme. Cependant les partisans de l’ancienne critique persistaient à refuser leur suffrage à des œuvres composées selon des régles si différentes de celles d’Aristote, d’Horace et de Longin, et où même aucune des véritables lois de l’art ne semblait avoir été observée. De ce nombre était Bouterweck, un disciple de Kant, esprit distingué d’ailleurs, qui a laissé un traité d’esthétique remarquable par sa clarté et par des observations justes et fines. Il publiait alors une histoire de la poésie et de l’éloquence. Dans une appréciation du poème de Dante, il lui était échappé des expressions aussi irrévérencieuses qu’inconsidérées à l’égard du chantre de la Divine Comédie, qu’il allait jusqu’à appeler un « disciple malheureux de l’art. » Il n’en fallait pas davantage pour allumer la bile du philosophe qui proclame si hautement Dante le père de la poésie moderne. Aussi, dans des notes ajoutées à son écrit, et que nous avons cru inutile de traduire, il relève, avec une vivacité qui sort des termes de la convenance, les méprises du critique. Il le compare, à son tour, à un misérable architecte qui, à peine capable de bâtir une cabane (j’adoucis l’expression), irait se placer devant la cathédrale de