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ce rapport, l’Enfer doit paraître la partie la plus poétique ; mais il ne faut rien prendre séparément ; l’excellence propre de chaque partie ne se comprend que par son rapport avec le tout. On approuvera la conclusion générale : « La grandeur admirable du poème, qui apparaît dans la fusion intime de tous les éléments intimes de la poésie, se manifeste aussi extérieurement d’une manière parfaite. Cette œuvre divine n’est ni plastique, ni pittoresque, ni musicale ; elle est tout cela en même temps, d’une manière parfaite. Elle n’est ni dramatique, ni épique, ni lyrique ; mais elle est de ces genres une combinaison entièrement originale, unique, sans exemple, »

Ce morceau sur Dante fut publié dans un journal périodique, à l’époque où commençait une nouvelle ère pour la critique et l’histoire de l’art, et où s’agrandissait de toutes parts l’horizon de la littérature. Les ouvrages composés selon les règles du beau classique n’étaient plus jugés seuls dignes d’être goûtés et admirés ; les productions du génie chez tous les peuples et à tous les degrés de la civilisation étaient devenues l’objet de savantes et intelligentes recherches, où se joignait à l’érudition et à la connaissance des langues un sens philosophique plus élevé et plus compréhensif. Herder, Lessing avaient ouvert la voie ; Goëthe venait d’appeler l’attention sur les merveilles de l’architecture gothique dans sa poétique description de la cathédrale de Stasbourg. Les deux Schlégel contri-