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présidé à la composition de son poème, que la place et le rôle de ses personnages ont été assignés par des motifs de haine et de vengeance personnelle, c’est rabaisser le caractère et le génie du poète et méconnaître sa haute mission, qui lui fait exercer la fonction de juge universel, investi d’une mission divine. — Schelling explique, à son point de vue, un caractère extérieur qui n’a échappé a aucun critique. Si le type général de la forme première, malgré les inventions de détail, se reproduit partout, sa loi doit s’exprimer dans le rythme et le style, énergique, sévère, sombre, et qui remplit l’ame d’horreur dans l’Enfer, plus calme dans le Purgatoire, lyrique dans le Paradis. Nous signalons enfin des analogies qui conservent leur valeur indépendamment du système et aussi vraies qu’ingénieusement saisies. L’enfer, dit-il, se distingue comme étant particulièrement le monde des formes, c’est la partie plastique du poème. Le purgatoire est, en quelque sorte, la partie pittoresque ; les expiations y sont représentées dans le genre et avec le calme de la peinture ; le voyage sur la colline sacrée des expiations offre une succession de figures et de scènes où sont épuisés tous les effets variés de la lumière et des couleurs. Dans le paradis, où le poète s’élève par degrés à la contemplation pure de la substance sans couleur de la divinité même, à mesure que la contemplation s’absorbe dans l’universel pur, la poésie se change en musique et semble se combiner avec la musique des sphères. La forme s’efface, et, sous