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qu’un intérêt secondaire à exposer, comme on le fait souvent, la philosophie, la physique, l’astronomie de Dante en elles-mêmes, parce que leur caractère original ne consiste pas dans leur isolement, mais dans la manière dont elles sont combinées avec la poésie. Il ne faut pas d’ailleurs chercher dans une œuvre d’art quelque chose de suivi, de conséquent, qui l’assimile à un système scientifique et philosophique. C’est méconnaître les exigences de l’art et sa liberté. Rien n’est arbitraire dans ses créations, et l’art aussi a sa logique ; mais les règles de cette haute logique de l’art ne sont point celles de la logique ordinaire. Soumettre un poème à cette méthode d’interprétation c’est lui faire violence et le considérer comme une froide allégorie. Malgré toute l’érudition et la sagacité qu’elle peut d’ailleurs déployer dans celle entreprise, la critique n’aboutit qu’à fausser le point de vue poétique et à prosaïser le chef-d’œuvre qu’elle a voulu nous faire comprendre et admirer.

Ce n’est pas ainsi, dit l’auteur, qu’il faut entendre l’alliance de la poésie et de la science. On peut appeler cela une synthèse inférieure. C’est, tout au plus, celle du poème didactique, qui occupe le dernier échelon de l’art. Mais il existe une synthèse supérieure, qui s’opère dans l’imagination du poète véritablement inspiré, et dont il n’a lui-même qu’une conscience imparfaite. La science et l’univers sont comme le modèle et la copie l’un de l’autre : à ce titre il se pénètrent réciproquement. Le monde est aussi une