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À ce point culminant, l’art semble vouloir se dépasser lui-même. La grâce sensible qui d’abord était le tout et le but, devient l’accessoire et le moyen pour la manifestation de l’ame. Le rapport le plus élevé de l’art avec la nature est atteint.

Les exemples pourraient être choisis dans l’histoire de la peinture et dans celle de la sculpture. Celle-ci, toutefois, est dans des conditions qui ne lui permettent pas de parcourir complètement tous ces degrés. La sculpture représentant ses idées sous des formes plastiques, le point le plus élevé pour elle doit être le parfait équilibre entre l’ame et le corps, elle ne doit ni matérialiser l’esprit, ni trop spiritualiser la matière. Elle atteignit sa perfection dans la représentation des divinités païennes, ces puissances à la fois sensibles et morales, ces forces de la nature, où l’infini et le fini se balancent et se confondent, figures calmes, sereines, invariables. La peinture, qui emploie la lumière et les couleurs, moyen presque incorporel et qui ne donne ses objets que comme des images, s’élève davantage au-dessus de la matière ; elle est d’autant mieux en état de manifester la supériorité de l’ame, les hautes passions, les sentiments qui ont le plus d’affinité avec l’essence divine, la douleur sanctifiée par la résignation, les souffrances du martyre, etc.

De là, la prédominance de la sculpture dans l’antiquité, de la peinture dans le monde moderne ; l’une est chrétienne, l’autre païenne.

Schelling cherche donc la confirmation de sa théo-