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La philosophie, qui rétablit l’activité, la vie et la pensée à tous les degrés de l’existence et dans tous les règnes, pouvait seule trouver le vrai sens de ce précepte, et les rapports de l’art avec la nature.

Le point essentiel est donc de saisir ce milieu, ce lien vivant de l’idée et de la forme. Or, comment s’établit-il ? C’est là le secret de la création artistique. Ce lien, la nature le forme dans les êtres qui sortent de son vaste atelier, et dont elle peuple ses divers règnes, depuis le cristal jusqu’aux organisations les plus parfaites. L’artiste doit l’imiter, non la copier, faire comme elle, rivaliser avec elle, avec sa force créatrice, créer des êtres où cette étroite alliance soit partout visible. Or, cela ne peut être l’effet d’un simple effort de la volonté unie à la réflexion. La création artistique résulte du développement spontané d’une force intérieure qui agit fatalement dans l’artiste, de concert avec sa libre volonté. C’est ce qui constitue l’inspiration du talent et du génie. La rencontre et la réunion de ces deux activités, dont l’une est fatale et naturelle, fait éclore les véritables œuvres de l’art. Celles qui ne sont pas empreintes de ce cachet de la science inconsciente manquent de vie propre, de cette réalité inépuisable qui les fait ressembler aux œuvres de la nature.

Toutefois, l’artiste, même sous ce rapport, ne doit pas simplement imiter la nature : esprit, il doit spiritualiser ce qu’il touche et façonne, produire spirituellement un idéal, non par le rapprochement des