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de ce que nos voisins délaissent, d’appeler l’attention sur des systèmes dont ils proclament eux-mêmes l’insuffisance et le danger, ou dont ils se détournent avec indifférence ?

Si, d’ailleurs, nous reportons nos regards sur la France, les esprits ne paraissent guère mieux disposés à faire un accueil favorable aux théories, surtout à celles qui viennent du dehors. Au milieu de la lutte des partis et des inquiétudes de la politique, de la préoccupation générale qu’excitent les intérêts matériels, du déplacement des capitaux, des agitations de la bourse, du mouvement de la hausse et de la baisse, et du bruit des locomotives, quelle place peut être réservée aux méditations abstraites sur des problèmes qui ne touchent qu’aux choses de l’esprit ?

On eût pu croire, il y a quelques années, que la déplorable lutte qui venait de s’engager entre les défenseurs de la religion et les représentants de la philosophie, aurait au moins cet avantage de forcer les esprits à reporter leur attention sur des questions qui dépassent l’horizon du monde présent, et qui sortent de la sphère des intérêts positifs. Par malheur, cette controverse, éclose elle-même au sein des passions et des intérêts, a porté la peine de son origine. Elle n’a pu s’élever au-dessus de la région inférieure où elle avait pris naissance, se dégager de cette atmosphère épaisse et insalubre, qui obscurcit et aveugle les intelligences, étouffe les idées ou les empêche de prendre leur essor. Les questions