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et à la justice ? Cette question ne paraît pas beaucoup préoccuper l’auteur du système de l’identité. Du reste, ici comme ailleurs, il témoigne peu de sympathie pour les principes qui servent de base aux institutions modernes ; il ne voit dans ces institutions qu’un monstrueux amalgame d’esclavage et de liberté, et, au sein des États, une lutte permanente entre les citoyens et le pouvoir équivoque des gouvernants.

Il recommande à celui qui veut comprendre la science positive du droit et de l’État, de se créer par la philosophie et l’histoire l’image vivante de la société à venir. Si le précepte est bon, une esquisse même imparfaite de cette société eût mieux valu encore. Quant à la méthode qui consiste à construire l’État sur le modèle des idées, à l’exemple de Platon, sans vouloir trop la juger par ses fruits, ni partager le dédain des publicistes et la traiter légèrement, nous ferons remarquer que cette méthode a priori a, tout au plus, donné dans la République de Platon la formule de la cité grecque, c’est-à-dire du passé et non de l’avenir.

Schelling termine par un examen rapide des différentes manières dont a été traitée la science du droit naturel. Il signale les vices de la méthode analytique, comme l’abus des formules et des divisions à l’aide desquelles on a cherché à donner à la jurisprudence un caractère plus systématique. La réforme tentée par Kant ne lui parait avoir eu pour résultat que d’augmenter sans profit pour la science