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— Nous nous abstiendrons sur ce point, comme sur ce qui suit, de toute réflexion. De telles questions ne peuvent se discuter dans une préface. C’est au lecteur à juger si ces abstraites et vides formules, que l’auteur ne prend pas la peine de justifier, expliquent réellement l’histoire et les principaux dogmes du Christianisme. — L’histoire, poursuit Schelling, n’est donc point une simple succession d’événements déterminés parle hasard, ni un enchaînement extérieur de causes et d’effets soumis seulement à des lois nécessaires. L’histoire, comme la nature, est déterminée par une cause unique et universelle. Comme elle, elle procède d’une unité éternelle ; elle manifeste l’absolu par une de ses faces, le côté idéal. Or, ce qui est vrai de l’histoire, en général, l’est, à plus forte raison, de l’histoire de la religion ; elle est fondée sur une nécessité éternelle ; on peut donc la construire philosophiquement. Le plan en est facile à saisir ; il est donné par la division du monde en deux parts, par l’opposition du monde ancien et du monde moderne. Le monde ancien, on l’a vu, est le côté naturel de l’histoire ; il représente l’infini retenu, enveloppé dans le fini. Il cesse lorsque le véritable infini descend dans le fini, non pour le diviniser, mais pour l’immoler et le réconcilier avec son principe. L’idée première du Christianisme est le Dieu fait homme, le Christ comme sommet et fin de l’ancien monde des dieux ; il revêt l’humanité dans sa bassesse et non dans sa grandeur. De plus, il ne reste pas au sein du fini ;