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Le Christianisme est essentiellement historique ; en effet, 1° la religion est traditionnelle ; son origine est un enseignement divin dont nous sommes redevables à des natures supérieures. Schelling ne s’explique pas sur le mode de cette révélation primitive ; 2° nous ne pouvons connaître les formes diverses qu’a revêtues le Christianisme que par l’histoire ; 3° enfin, le caractère fondamental du Christianisme, c’est que le monde y est considéré comme un empire moral et, par conséquent, comme objet de l’histoire. Cette idée est développée dans un parallèle que Schelling établit entre le Polythéisme et le Christianisme. Selon lui, la religion n’a revêtu que deux formes réellement distinctes : le Polythéisme qui représente la manifestation du principe divin dans le monde physique, l’infini identifié avec le fini, et le Monothéisme chrétien, où l’infini n’est qu’exprimé par le fini, s’en distingue et le ramène à lui. Les divinités païennes sont des divinités de la nature; elles recèlent bien l’infini, mais absorbé dans le fini, figures fixes, invariables comme les lois du monde physique. Le Christianisme, au contraire, manifeste l’infini en soi, dégagé du fini, apparaissant sous sa véritable forme. Aussi la nature, le monde des existences fixes, invariables et finies, ne peut le contenir ni l’exprimer. Les symboles ici ne sauraient être tirés que de ce qui est indéfini, soumis au changement, de ce qui tombe sous la loi du temps, c’est-à-dire du monde moral ou de l’histoire. Ce ne sont pas môme de véritables symboles. Dans le Poly-