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Or, cette faculté d’intuition qui est le vrai talent en philosophie, c’est là ce qu’il faut savoir développer chez le jeune homme. Au moins, doit-on empêcher qu’elle ne soit étouffée dans son germe ou faussée par une mauvaise direction.

Ici, Schelling reprend le ton de la critique. Il combat la fausse direction donnée à l’esprit philosophique par les méthodes et les systèmes alors en vigueur dans les Universités. Il attaque, 1° la méthode du sens commun et de la saine raison, qui, selon lui, ne peut engendrer en philosophie qu’un dogmatisme étroit et positif, incapable de s’élever jusqu’à l’idéal ; 2° la méthode du raisonnement ordinaire, qui ne produit également que le dogmatisme, et, de plus « s’enferme dans des contradictions qu’elle ne saurait lever ; 3° l’empirisme, qui se borne à constater, à décrire, analyser et classer les faits, sans pouvoir en pénétrer le sens, en dégager l’idée, en donner la théorie, et qui reste ainsi en-deçà de la science, 4° l’enseignement, dont la base est la logique d’Aristote, ou celle de Wolf, enseignement stérile, qui roule uniquement sur les formes de la pensée ; 5° la logique transcendantale de Kant elle-même, science encore formelle, où le fond est séparé de la forme, méthode contraire à l’esprit de la vraie philosophie, qui, au lieu de séparer ces deux termes, cherche à les identifier. Cette méthode, d’ailleurs, transporte à l’infini les lois de l’entendement logique qui ne s’appliquent qu’au fini. Sa base est le principe de contra-