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avortés et stériles, des systèmes éphémères, sans racines dans l’esprit du temps, sans lien avec le passé et l’avenir ; puis, celle des grands systèmes, qui exprimant l’idée générale d’une époque ont exercé une vaste et durable influence sur les esprits. Pour ces derniers, la contradiction n’est qu’apparente et à la surface. Ils se succèdent dans un ordre nécessaire, et forment un enchaînement régulier. Entre eux il y a unité, identité fondamentale. Ils marquent le progrès de l’esprit humain et de la raison. Les vrais philosophes sont aussi bien d’accord entre eux que les mathématiciens. S’il y a plus de diversité dans leurs idées, c’est qu’elles offrent plus d’originalité ; c’est que la philosophie est chose vivante, et que la diversité est la loi de tout développement libre. D’ailleurs, si elle change, c’est qu’elle n’a pas encore atteint sa forme définitive ; c’est que chaque système qui révèle une nouvelle face des choses aiguise l’esprit, soulève des problèmes nouveaux, et est ainsi la cause de sa propre ruine.

On fera bien de lire le remarquable fragment que nous avons placé à la fin du volume (p. 324), sur la succession des systèmes philosophiques, et où la même idée est exposée avec plus d’étendue et appliquée à l’histoire de la philosophie.

Schelling se moque avec esprit de ceux qui regardent la philosophie comme une affaire de mode, et qui, pourtant, quand ils peuvent attraper ça et la quelques lambeaux de philosophie, ne dédaignent pas de