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ser la science ; elle est l’ame du progrès et son principal promoteur ; sa tâche est de sonder la base des théories et des classifications, et de les renverser lorsqu’elles sont peu solides. L’absence ou l’incohérence d’idées lui répugne ; elle a peu de respect pour la lettre morte, et s’attache surtout à l’esprit. Elle apprend aux jeunes gens à faire on usage libre de leur raison, et à se contenter difficilement des résultats acquis. Elle les éclaire sur les lacunes et les imperfections de la science dans son état actuel. Elle pousse l’esprit en avant, en lui montrant un idéal auquel il doit tendre incessamment, sans pouvoir y atteindre. Ainsi, les sciences mal faites, incohérentes, immobiles, n’ont pas de plus redoutable adversaire que la philosophie. Quant à la science véritable, qui ne sait qu’elle en inspire non-seulement le respect, mais l’amour, un amour pur et désintéressé ? Qui ne sait qu’un esprit philosophique exercé est la meilleure préparation à l’étude des sciences spéciales, parce qu’on y réussit d’autant mieux qu’on y apporte plus d’idées, et qu’au désir de connaître se joint la capacité de saisir les rapports des choses ?

La troisième objection n’est autre que la thèse, tant de fois reproduite, de la mobilité des systèmes philosophiques. Schelling y fait une réponse peu polie ; nous l’aurions voulue plus développée. Ces changements, dit-il, n’existent que pour les ignorants. Dans l’histoire des opinions humaines, il y a deux parts à faire : celle des conceptions isolées, des essais