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Avant de résoudre le problème ainsi posé Quesnay soulève une question préjudicielle.

« La première chose qu’il semble qu’on devrait se proposer, serait d’examiner si ces professions sont plus utiles que nuisibles à la société afin de les conserver ou de les proscrire. L’obscurité de l’art de guérir inspire, en effet, des doutes suffisants pour hésiter sur le parti qu’on devrait prendre, mais cette obscurité même met le public hors d’état de décider si l’impéritie des médecins et des chirurgiens est plus à craindre que les maladies. Il n’y a que les hommes qui jouissent de la santé qui puissent se livrer sensément à ces réflexions, car, lorsque, dans nos maladies nous sommes pressés par la douleur et par la crainte, nous nous jetons avec empressement entre les bras de ceux qui captivent notre confiance, qui apaisent nos craintes et qui nous promettent avec assurance des conseils salutaires. Ainsi, il est inutile de délibérer s’il faut des médecins et des chirurgiens dans la société ; leur art mystérieux est si imposant qu’on aura toujours recours eux dans les maladies ».

Ce scepticisme est piquant, et Quesnay