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correspondant à peu près aux humanités et se fut ainsi suffisamment pénétré de Cicéron et de Platon, sa mère lui mit un Montaigne dans les mains en lui disant : « Tiens, voilà pour t’arracher l’arrière-faix de dessus la tête ». Un des biographes ajoute : « On ne saurait s’étonner que le fils d’une telle mère ait été un homme original, peu assujetti aux préjugés, propre à se frayer lui-même les routes qu’il voulait parcourir. »

Ce qui est étonnant, c’est qu’une femme de campagne, mariée à dix-sept ans à un laboureur, constamment absorbée par des occupations matérielles et par les soins de la maternité, ait pu porter sur Montaigne le fin jugement qui lui est attribué. Elle attachait, en réalité, si peu d’importance aux connaissances littéraires que non seulement elle n’apprit pas à lire à son fils, mais qu’elle n’enseigna pas à écrire à celle de ses filles qui resta le plus longtemps près d’elle[1]. Dans l’acte de mariage de cette dernière, âgée alors de trente-deux ans, se trouve cette

  1. Marie-Anne, née en 1696, qui épousa en 1728 un laboureur de Coignières, près Trappes.