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Mais se mettre « docilement aux pieds d’un autre », se traiter « en jouvenceau quand on a quarante-deux ans », étouffer sa vanité lorsqu’on a publié un livre applaudi, faire profiter de la popularité qu’on a conquise un homme que l’on connaît à peine et qui vous a reçu avec des bourrades est un sacrifice peu commun. Mirabeau l’accomplit sans réticences, donnant à Quesnay le titre d’homme de génie, allant ensuite jusqu’à l’appeler « le Sage par excellence, l’auteur et l’inventeur de la science, le Confucius de l’Europe, l’aigle audacieux sous les ailes duquel les plus grands hommes se cachent comme des roitelets[1] ».

Quesnay, qui ne pouvait écrire publiquement, avait besoin de disciples. Il encouragea Mirabeau, comme il avait encouragé Marmontel, non sans administrer de temps en temps à son nouvel élève des coups de férule.

De son écriture rapide, serrée, formée de longues pattes de mouches et pénible à déchiffrer, le Marquis couvrait le papier sans arrêt, ayant quelquefois de la verve, mais

  1. Précis de l’ordre légal.