Page:Schelle - Le Docteur Quesnay.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le ton de ses épîtres se modifia peu à peu, reflétant l’altération progressive de son cerveau. Privé d’encre, il écrivit avec son sang. Dans l’une des missives qu’il confectionna ainsi, il légua son corps à Quesnay[1]. Berryer mit en marge : « Lettre bonne à garder ; elle fait connaître l’esprit du personnage. » C’était constater la folie et décider l’internement à perpétuité.

Dix ans plus tard, en 1762, Danry écrivit encore à Quesnay :

« Je gagerais ma tête contre cinq sols que vous ne pensez pas plus à moi qu’au chameau

    je vous supplie ; daignez me faire la grâce de remettre la lettre ci-jointe le vendredi saint et intercédez pour moi, car c’est un jour de miséricorde ». La mention porte la date du 27 juin. — Le 18, Danry avait encore écrit : « La dernière fois que j’ai vu M. Berryer, il me dit en propres termes : Écrivez à M. Quesné, écrivez-y. Selon ses paroles, il faut que vous soyez chargé de plaider ma cause. » — Le 15 juillet : « Croyez-vous que je ne connais pas la grandeur du mal que vous m’avez fait en me livrant et que je ne sache point que vous êtes obligé tant devant Dieu que devant les hommes à me délivrer. » — Un peu plus tard, le secrétaire Duval analyse ainsi la correspondance de Danry : « Il continue à se plaindre de M. Quesnay de ce qu’il ne lui répond pas et il l’avertit qu’il aura tous les jours une lettre de lui. »

  1. Octobre 1753.