Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

stances principales ; un seul affirmait le fait. Relativement à M. Solter, il a été établi que l’arme avec laquelle il aurait, au dire de l’accusation, perpétré le crime, était hors de service depuis deux ou trois ans. Malgré le trou de balle que porte la capote de la voiture dont l’assassiné du Commercial se servait dans ce que M. Foignet, conseiller instructeur, appelle sa visite aux communes, il résulte, de la déposition du gendarme Pierrot Jean-Baptiste, qu’un seul coup de pistolet a été tiré, mais par lui-même, et sur M. Martial, d’après l’ordre que lui en avait donné l’apôtre de la paix ! Voici cette déposition, faite à l’audience du 13 juin, et extraite du compte-rendu de la Liberté :

« M. le président interpelle le témoin pour savoir s’il reconnaît Martial pour celui qui a mis en joue M. Bissette.

« Pierrot (Jean-Baptiste), gendarme à Sainte-Rose : Je le reconnais parfaitement, mais je ne crois pas qu’il ait tiré. Je n’ai pas entendu d’autre détonation que celle de mon coup de pistolet. »

Un autre témoin à charge, le sieur Blondet, déclare à deux reprises qu’il est très-scrupuleux à l’endroit de ce trou de balle, qu’on ne s’en est aperçu qu’après que les gendarmes eurent tiré à droite et à gauche.

Quoi qu’il en soit, M. Martial fut arrêté, et, suivant le témoin Philibert Destin, attaché derrière la voiture de M. Bissette. Des pierres, lancées par les cultivateurs, blessèrent trois gendarmes dont deux grièvement ; la troupe tira, et quinze ou vingt malheureux qui l’entouraient furent atteints. Le lieutenant de gendarmerie Commin, qui dépose de ces faits, évalue à cent ou cent vingt le nombre des cartouches brûlées.

On n’a remarqué un trou de balle dans la capote de la voiture qu’après que les gendarmes eurent tiré à droite et à gauche ; l’instruction a duré un an, elle a été dirigée par un partisan du sauveur, rien n’a été négligé pour arriver à la découverte de la vérité. L’accusation d’assassinat, dont on a fait tant de bruit, se trouve donc ainsi complètement détruite et doit être rangée au nombre des mille mensonges des honnêtes gens. Après cela, si l’on pouvait douter, malgré les condamnations prononcées contre les six autres