Zami Claudie est un vieux nègre boiteux, infirme, qui nie en ces termes avoir même menacé M. Hoüelche : « Pendant que j’étais à mon jardin qui est à la limite de la grande route, j’ai entendu la cavalerie qui s’avançait au milieu d’un grand bruit. Au même instant j’ai entendu trois coups de fusil ; étant infirme et ne pouvant pas bien marcher, j’ai voulu me mettre à l’abri. Ne pouvant pas courir aussi bien qu’un autre, je ne me battais pas, et si je n’étais pas infirme, je n’aurais pas été blessé, car j’aurais fui. C’est M. Hoüelche qui m’a tiré une balle. » (Progrès du 17 mars.) « J’étais appuyé sur ma petite canne, c’est ce que M. Hoüelche a pris peut-être pour une pique. » (Progrès, 7 avril). Mais ce n’est pas seulement sur Zami Claudie que le capitaine de milice a tiré à bout portant : quelques heures avant, il avait tué un autre noir. « Je m’adressai, dit-il, à un individu que je connaissais, le nommé Jean-Pierre, je lui dis de s’éloigner ; il me porta un coup de pique qui m’atteignit à la jambe ; le sang en rejaillit. Je saisis mon pistolet et le déchargeai sur lui. Cet homme est mort à l’hôpital, » (Compte-rendu du Progrès.)
Quant aux décharges faites en dernier lieu sur les groupes, le Progrès complète ainsi les détails que nous fournit l’Avenir : « Il me fallut, dit M. Hoüelche, commander le feu, puis un second, puis un troisième, exécutés par les quinze hommes d’infanterie de marine. Ce n’est qu’après ces trois feux que le rassemblement quitta la savane. Il alla se porter à six ou sept cents pas pour mettre le feu à une pièce de cannes. Mais je dois dire que les individus qui mettaient le feu ne tardèrent pas à l’éteindre eux-mêmes. » Progrès du 7 avril.)
Cependant M. Hoüelche, qui tire à bout portant sur deux hommes, tue l’un et traverse le corps de l’autre d’une balle, qui fait fusiller par trois fois des malheureux sans armes, sous prétexte d’agression et de blessures, M. Hoüelche, le héros de cette funeste journée, récompensé, sur la proposition de M. Tracy, par l’étoile des braves, est de tous ceux qui l’accompagnaient celui qui a été atteint le plus sérieusement ; encore n’a-t-il été touché à la jambe que par une pique de bois, ce qui ne l’a pas empêché de faire son ser-