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INTRODUCTION

« Il n’est pas possible, dit-on, de cultiver les îles autrement que par des esclaves. Dans ce cas il vaudrait mieux renoncer aux colonies qu’à l’humanité. La justice, la charité universelle et la douceur sont plus nécessaires à toutes les nations que le sucre et le café. Mais tout le monde ne convient point de l’impossibilité prétendue de se passer du travail des nègres. Lorsque les Grecs et les Romains faisaient exécuter par leurs esclaves ce que font chez nous les chevaux et les bœufs, ils imaginaient et disaient que l’on ne pouvait faire autrement. »
Abbé Bergier,
Dictionnaire théologique.

§ Ier.

Émancipation des noirs, tel est notre premier vœu. Prospérité des colonies, tel est notre second vœu. Nous demandons l’une au nom de l’humanité, l’autre au nom de la nationalité, toutes deux au nom de la justice. Expliquons-nous.

L’intérêt exclusif de la métropole fut la loi suprême qui présida à la fondation de nos colonies. Elles étaient instituées pour offrir aux produits du sol et de l’industrie du royaume des débouchés constamment ouverts, pour assurer à ces produits des marchés à l’abri de toute concurrence étrangère, et pour obtenir sans numéraire des denrées coloniales. Les hommes d’état du siècle de Louis XIV ne cachèrent point ces vues véritablement barbares.