deur, est un enfant, son bras qui vient de faire couler deux fois du sang est fatigué ; il n’a plus la force de diriger le fouet. Le maître ordonne au géreur de prendre l’instrument du supplice, celui-ci se hâte d’obéir ; inexpérience ou maladresse, les coups s’égarent. Alors Brafin, lui-même, s’empare du fouet et il frappe ; il frappe de sa propre main cette femme qui est restée nue pendant ces tristes épreuves, et qui ne se relève sanglante qu’après avoir passé sous le fouet de trois bourreaux : deux blancs et un enfant nègre ! C’est encore lui, le maître, qui taille Jean-Louis. Sur chaque victime les médecins au rapport constatent, plusieurs jours après, des plaies nombreuses ! — À la suite de ces exécutions Brafin met un carcan à chaque condamné hommes ou femmes.
Mais des quatre esclaves soupçonnés, restait Camille. Où donc est-elle cette présumée empoisonneuse des deux dernières victimes ? Elle est dans sa case ; la veille même, elle vient d’accoucher. Brafin va chez elle, lui rappelle ses menaces, lui promet un châtiment exemplaire. Ce n’est point encore assez pour une malheureuse femme qui allaite son enfant né d’hier, que la moindre émotion peut rendre folle, il lui attache un carcan au cou !! et se retire. Laissez passer la justice du maître ! Du maître juge et bourreau ! Du maître qui punit le soupçon !
Mais voici encore des victimes ! qui accusera-t-il de ces nouvelles pertes ? À qui en fera-t-il porter le châtiment ? Il a frappé le dimanche ; le lendemain lundi, Zaïre manque au travail. Alors on raconte les tristesses de cette infortunée, ses pleurs inconsolables de la veille, « le fouet, un carcan, c’est plus que je n’en puis supporter, » a-t-elle dit. On conçoit l’idée d’un suicide ; et en effet, vers midi, la Rivière Salée rejette le corps de Zaïre, qui s’est toute habillée de blanc pour le dernier sacrifice ! — Zaïre était, nous l’avons dit, la concubine de Théophile ; l’un et l’autre étaient africains, l’un et l’autre de la même nation. Quand Théophile apprend cette mort, il pousse des cris de désespoir, et court pour se jeter dans la rivière. On l’arrête, on cherche à le calmer. Le géreur, les autres esclaves