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que la reproduction est livrée aux forces de la nature, elle a repris son cours naturel et le nombre des femmes, va s’accroissant plus que celui des hommes[1]. Ainsi, d’un côté la population mâle d’un atelier est en partie occupée de travaux spéciaux, de l’autre, la population féminine dépasse un peu celle des hommes, il s’en suit donc forcément que le nombre des femmes doit être plus considérable aux champs. — Il est peu probable que l’on puisse continuer à avoir autant de femmes dans les rangs après l’abolition, déjà quelques-unes d’elles, aux colonies anglaises se sont retirées et c’est un progrès sur l’état barbare que leurs maris ne se croient pas permis de les forcer à y venir.

Bien que les femmes remplissent parfaitement leur fonction au jardin, il est permis de croire sans les réduire exclusivement comme fait la barbarie civilisé au rôle de mères de familles, ou d’ornemens de bal, qu’elles sont appelées à des travaux moins rudes et trouveront d’une manière utile leur place ailleurs.

En tous cas elles supportent facilement la tâche aux colonies, c’est une preuve que l’atelier n’est pas obsédé et que le commandeur n’use point trop de l’horrible fouet dont il est toujours armé.

Les colons disent avec raison que les ouvriers d’Europe dépensent incontestablement plus de force que les esclaves à l’ou-

  1. Sur les chiffres que nous avons donnés page 20 et 21, Le total des sexes réunis en masse, présente pour la Martinique une différence de 6,025  *, et pour la Guadeloupe de 5,986  **, en faveur des femmes  ***.
      Masculin.   Féminin.
    * Population libre 17,419   20,536.
    Population esclave 37,584   40,496.
      55,003.   61,028.
      Masculin.   Féminin.
    ** Population libre 14,626.   16,626.
    Population esclave 46,168.   40,496.
      60,794.   66,780.

    *** Nous avons observé des différences analogues dans toutes les îles que nous avons visitées, elles corroborent les remarques déjà faites, tendant à établir qu’il naît dans les pays chauds plus de femmes que d’hommes.