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convenait de mettre en évidence tout ce qu’elles ont de valeur politique, présente et future ; de rappeler la gravité avec laquelle on doit peser tout ce qui les concerne. — Les intérêts les plus élevés, les plus précieux du pays, veulent qu’on ne les laisse point périr.

La régénération des colonies françaises, par l’abon-

    avantage, qu’une telle période permettrait de graduer la somme de labeur exigible. Ils travailleraient d’abord le matin de cinq à huit ou de six à neuf heures, et le soir de quatre à six ou de cinq à sept heures, selon la durée du jour, et l’on augmenterait chaque année d’une heure jusqu’à la quatrième, où ils seraient tenus de donner neuf heures.

    Des gages de 500 francs par tête d’hommes ou de femmes, et de 200 francs par tête d’enfans, au-dessus de 12 ans et au-dessous de 17 ans, avec une case et un jardin seraient, nous croyons, des termes où l’employeur et l’employé trouveraient une égale convenance.

    Leurs différens auraient les juges-de-paix pour arbitres. La loi serait pondérée de façon à garantir à l’engagiste le travail de l’engagé, et à l’engagé les bons traitemens de l’engagiste. L’engagé, qui après la première, seconde au troisième année, se soustrairait méchamment au contrat, outre la confiscation de la récolte de son jardin au profit du maître, serait enfermé jusqu’à ce qu’il ait remboursé la somme dont il aurait fait tort à l’engagiste *. Cette clause est indispensable, car avec des engagemens comme ceux que nous désirons, le propriétaire aura pu avancer les frais de transport, dont la moitié resterait à son compte, et dont l’engagé lui rembourserait l’autre moitié par cinquième. Nous voyons dans ces avances faites par le planteur, et que le crédit lui rendra peu onéreuses, un actif élément de détermination pour nous pauvres prolétaires, qui ne se trouveraient plus alors arrêtés au premier pas par l’impossibilité de rassembler une somme de 4 ou 500 francs, qu’il leur est toujours si difficile de se procurer dans les conditions actuelles de leur existence.

    * Afin de répondre à ceux qui verraient là une sorte de détention perpétuelle, nous disons tout de suite que l’on travaillera sur les habitations pénitentiaires que nous proposerons en lieu et place d’instituer aux colonies.