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Ma foi, à le voir, je ne l'aurais pas éru capable de tant de résolu- tion. — Oui?

« C'est douvant tambour na connaît zamba. » — C'est devant le tam- bour qu'on cotinaît lé devini. — À œuvre on connait l'ouvrier.

Je suis fäché qu’il soit parti, c'était un joyeux conteur, il m'a quel- quefois bien amusé avec ses prouesses du temps de la guerre, — Oh! il n'en faut pas tout croire ,

« Nen temps la guaï , nen temps menti. » — Temps de la guerre, temps de mensonge.— Celui qui à été à la guerre en raconte toujours plus qu'il n’a fait. Celui qui revient de loin à beau jeu pour mentir.

Mais qu’avez-vous done? Vous paraissez distrait, inquiet.

Non.—Si! je vous dis, voilà plusieurs fois que vous vous êtes levé pour aller regarder sur la route, et moi aussi fais-je des proverbes.

« Quand moune couri si li pas deyai queque chose, queque chose deyai li. » — Quand un homme court, s'il n’est pas derrière quelque chose, il y à quelque chose derrière lui.— On ne fait rien sans motif.

Dois-je vous l'avouer ? J'ai envoyé mon garçon pour avoir des nou- velles du fugiti. — Eh bien} attendez tranquillement.— Je ne puis.

«Quand ous voyé moune, pied ous posé, kior ous pas posé. » — Quand vous avez envoyé quelque part, vos pieds se reposent, mais votre cœur ne se repose pas.

Oh! les maudits marrons, ce sont eux en définitive qui nous don- nent ces inquiétudes, qui excitent ainsi les meilleurs nègres à la désertion. Malheur à eux !

Vos imprécations ne sont pas bien redoutables.

« Zyié rouges pas boulé savannes. » —Les yeux rouges, les yeux en feu ne brûlent pas la savane. — La fausse où la vaine colère ne fait pas de mal, cependant ayez plus de réserve, les marrons sont à craindre

«Avant traversé, riviai, pas juré maman caïman. » — Avant de traverser la rivière, n'injuriez pas la mère du caïman *.— Ne mau- dissez pas l’homme dans les mains duquel vous pouvez tomber.

  • Les nègres, Comme nous l'avons dit, ont une vénération profonde pour

leurs parens ; la plus grande injure que l'on puisse faire à un noir, c'est de mal parler de sa mère. Aussi voiton qu'il leur parait bien plus dangereux d'insulter la mère du caïman, que le caïman lui-même.

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