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laborieux, une vie chaude et facile au sein de la nature la plus généreuse du monde des enfans pleins de santé croissent tout joyeux sous un ciel délicieux.

Ces enfans que nous voyons grandir, lèvent les derniers doutes que pourrait rencontrer notre projet, et doivent faire tomber toutes les hésitations. Supposons même que les Européens ne puissent travailler au soleil, il reste encore assez d’ouvrages qu’ils peuvent exécuter à couvert pour justifier des émigrations opérées avec sagesse et humanité, comme le travail du moulin, la fabrication du sucre, la garde et le soin des bestiaux, les métiers de tonneliers, forgerons, charpentiers etc., dont on a besoin sur toutes les habitations. Ceux-là, dussent-ils réellement craindre les insolations, s’ils se joignent aux rangs des nègres, ce qu’encore une fois nous regardons comme erroné, leurs fils en tous cas pourront, sans aucun doute, s’employer à la terre puisqu’ils seront aussi fils du pays, et les îles doivent acquérir ainsi dans l’espace d’un demi-siècle une population qui leur assurerait, tôt ou tard, un brillant avenir. — Sur ce dernier point nous n’avons pas que des hypothèses à présenter. Si les Européens sont réellement incapables de cultiver les terres tropicales, du moins mille preuves abondent que les créoles s’y trouvent propres. À la Havane, à Puerto-Rico, nous avons vu, de nos yeux, des petits blancs[1] aux champs ; on nous a dit qu’à Bourbon

  1. On appelle petits blancs les hommes pauvres de cette classe, ceux surtout qui vivent du revenu d’un morceau de terre qu’ils cultivent à l’aide d’un ou deux nègres.