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avez perdu dans le feu, vous le retrouverez bientôt dans la cendre. — Un bienfait n’est jamais perdu ;

« Bon pas sote. » — Bonté n'est pas sottise.

C’est bien, voilà de généreuses pensées, j'oublie tout et sans peine, car je vous aime. — Oui.

« Lèpe dit aimé ous pendant li ronge daite ous. » — La lèpre (qui s'attache à vous) dit qu'elle vous aime, pendant qu'elle vous ronge les doigts.

Ingrats ! est-ce que je ne vous nourris pas bien ?

« Dio passé farine. » —Il y a dans ce que vous nous donnez plus d’eau que de farine *.

Est-ce que je ne soigne pas vos enfans ? — Nous les soignerions bien nous mêmes.

« Cones pas lou pou bœf. » — Les cornes ne sont pas lourdes pour le bœuf.— Les enfaus ne sont jamais un fardeau pour leurs pères.

Allons-done, ne voyez-vous pas que l'esclavage estutile pourlenègre?

« Ça qni pas bon pou sac pas bon pou macoute. » Ce qui n'est pas bon pour le sac ne doit pas être bon pour la macoute.— Ce qui ne vaut rien pour vous, ne vaut rien pour nous.

Bah ! qu'est-ce que vous feriez de la liberté, vons autres ?

« Ça qui bon pou zoie bon pou canard. » — Il existe aussi peu de différence entre l’oie et le canard qu'entre le nègre et le blanc, ce qui convient à l’un convient à l’autre.

Quoi! vous osez vous comparer aux blanes !

« Toute bois c'est bois, mes enfans, mais Mapou ** pas cajou. » — Tout bois est du bois, mais le Mapou n'est pas de l'Acajou.

Vous dites cela parce que

« Nege esclave, c'est poule bequé. » — Parce que le nègre est la poule du blanc, —sa vache à lait.

Non pas, consultez le curé, il rectifiera vos idées la-dessns. — Le

  • Pour bien comprendre ceci , il faut se rappeler que la farine de manioc

le pain des Antilles) se mange en l'humectant d'un peu d'eau. On applique .sou- + vent dans les colonies ce proverbe à un homme ivre, il a bu plus qu'il n'a mange.

  • Le Mapou est un arbre des bords de la mer, très tourmenté par les brises

qui le rendent tortu.