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<<, 423 — vous feriez mieux de suivre l'exemple de l'atelier voisin, — Des fainéans !

« Bon savane, bon bœf. » — La bonne savane fait le bon bœuf. — Là où il y a bonne nourriture il y a des nègres vigoureux. Des fai- néans , nous !

« Ça qui mange zœfs pas save si bonda poule fait li mal. » — Ceux qui mangent les œufs ne savent pas ee que la poule a de mal à les pondre. — Le maitre qui prend les fruits ne s'inquiète guères des peines de l’eselave qui les cultive.

Encore des proverbes ; en vérité vous êtes d'insupportables bayards,

« Bouche a ous pas tini dimanche. » — Votre bouche n'a pas de dimanche ,—votre langue ne se repose jamais; cependant nous verrons bien , allez. Je vous ferai tous châtier.—C'est cela, tous ,

« Quand yo manque pice, yo pen pinaise. » — Quand ils manquent la puce, ils prennent la punaise. — Lorsqu'une faute est commise et que le maitre en ignore l'auteur, sa rigueur atteint tout le monde.

« Mouton qua boit, cabrite qua saoul. — Le mouton boit, on dit que c’est le cabri qui est saoul ; — les innocens paient pour les cou- pables,

« Rates, mangé cannes zanolis * mouri innocens. » — Les rats ont mangé les cannes, les anolis meurent innocens **.— Pauvres nègres que nous sommes ! quelle vie! et même au tombeau nous emportous le chagrin de laisser un pareil sort à nos fils et à nos filles,

« Bœf mouri, quitté misai pour cui li. —Le bœufen mourant lègue la misère à son euir. — N'importe, soyous fermes, il a menacé de nous punir tous, ne dénoncons personne.

« Ça ous pedi nen feu ous va touvé nen cende. » — Ce que vous

+ Pelit lézard très commin aux Antilles.

  • Lorsque les rals ont dévasté un champ de caunés au point que la récolte

en serait nulle, on y met le feu, et les andlis brülent avec les cannes, tadis que les rats s'enfuient.

Tous ces proverbes ont bien d'autres acceptions que nous n6 pouvons indi- quer. Dans celui-ci, les nègres voient encore la figure de cette terrible vérilé qu'au milieu de la guerre entre les grands, c'est toujours le meuu peuple qui souflre davantage. Aussi pour le dire en passant, trouvons-nous d'une imper- tinence fort iahbumaine le raisonnement des riches qui prétendent que les pau- vres n'ont rien à perdre dans les désordres inséparubles des révolutions, aux-

quelles l'égoïsme général entraine souvent Jes sociétés,