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et sans perte, les troupes européennes au climat des tropiques et de l’équateur. »

Ce ne doit donc plus être l’objet même d’un doute, l’émigration réussira si on l’entoure de quelques précautions d’ensemble, si on la prépare avec sagesse et qu’on la fasse avec prudence. Pour cela il est nécessaire que le législateur y mette la main, qu’il n’abandonne plus les émigrés à leur propre inexpérience et à la cupidité des traitans. Il est nécessaire qu’on ne laisse pas se renouveler les cruautés commises envers les trente-six mois[1].

Le gouvernement chargé de veiller d’une manière directe sur l’émigration, lui donnerait les garanties légales dont elle a besoin pour s’opérer en grand, établirait la confiance générale en tranquillisant la nation sur le destin de ses enfans, et pousserait vers nos possessions de la zone torride, non plus des célibataires, comme il est toujours arrivé dans les essais particuliers tentés jusqu’ici, mais des familles complètes.

Cette dernière circonstance est de la plus haute gravité, pour nous qui sommes convaincu que les excès sont les premiers meurtriers des Européens aux colonies. — Le célibataire, sans attache dans la vie, sans devoirs immédiats, sans autres obligations que celles à remplir vis à vis de lui-même et de la société, ne s’inquiétant guère de mourir, parce qu’il

  1. L’engagement de trois ans que prenaient les premiers défricheurs de nos établissemens coloniaux, leur fit donner le sobriquet de trente-six mois.