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« Le mendiant arrêté pour la première fois, passera trois mois à la sucrerie pénitentiaire ; pour la seconde fois, six mois ; pour la troisième, deux ans. »

Impôt.

« Tout citoyen vivant aux colonies, sans exception, à quelqu’une des anciennes dénominations de classe qu’il appartienne, est frappé d’un impôt personnel, payable par douzième. »

« Cet impôt sera fixé chaque année par la législature. »

« Le citoyen qui ne paie pas son impôt personnel, est condamné à la sucrerie pénitentiaire, où il reste jusqu’à ce qu’il ait acquitté sa dette envers l’État[1]. »

« Le produit de l’impôt personnel est versé dans les caisses de la colonie, et particulièrement affecté, si les circonstances le permettent, au remboursement des avances faites par là métropole[2]. »

Les esclaves appelés à l’indépendance, entrent immédiatement en jouissance des bienfaits de la société libre qui protège leur personne, leur liberté et la tranquillité publique. Il est juste qu’on les fasse immédiatement participer à ses charges. L’imposition personnelle saisissant les émancipés, au sortir même de la servitude, n’est pas seulement une chose équitable, elle a cet avantage de les accoutumer vite aux charges de leur nouvelle condition, de leur montrer qu’aux joies de l’indépendance, sont attachées des devoirs. Les gouverneurs auront à faire ressortir à leurs yeux cet enseignement austère de la vie pratique des hommes libres, par des proclamations très simples souvent répétées. L’impôt personnel a aussi l’avantage de forcer les nouveaux libres au travail pour satisfaire aux exigences du fisc, c’est un des premiers besoins artificiels que la liberté va créer pour eux.

Travail, Salaire.

En Europe, où il y a plus de bras que de travail, on voit l’employeur abuser de sa position et payer trop peu l’employé. Ce vice de notre so-

  1. Si l’on suppose seulement quatre-vingt mille valides sur les mille esclaves que la loi délivre, l’impôt que nous établissons ici, en le fixant à 30 fr., par exemple, fait déjà rentrer chaque année plus de deux millions et demi au trésor ; et l’on ne peut douter que la France avec ses puissans moyens d’action et les sucreries pénitentiaires, ne puisse le percevoir, quelque force d’inertie que l’on veuille supposer à la classe ouvrière.
  2. On se rappelle que le travail est rétribué dans nos sucreries pénitentiaires.