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le juge nécessaire, et de punir de prison ceux qui ne lui répondent pas d’une manière satisfaisante. C’est justice. L’homme qui, sans fortune ne travaille pas, devient dangereux et doit être sauvé de lui-même.

« Le vagabondage, déjà prévu par nos lois, sera sévèrement poursuivi et réprimé comme en France. »

« Celui qui ne justifie pas de la possession d’un bien où d’un emploi quelconque propre à le faire vivre, est tenu pour vagabonds de même que celui qui ne justifie pas d’un gîte. »

« Le vagabond peut-être condamné par le juge-de-paix, de un mois à six mois de sucrerie pénitentiaire, en cas de récidive, de six mois à un an, et pour la troisième fois deux ans. »

« Dans aucun cas, néanmoins, il ne pourra être poursuivi de nouveau comme vagabond, que dix jours après sa dernière libération. »

Ainsi, tel qui n’aura pas assez de courage et de vertu pour secouer les vieux préjugés du pays et qui fuira les plantations, aimant mieux rester oisif que de se livrer à la culture de la canne, y retombera forcément s’il encourt les verdicts de la loi.

Tout citoyen doit travailler pour vivre, mais la liberté est le plus sacré des droits de l’homme : si un homme en ne travaillant qu’une heure dans un mois prouve que le gain de cette heure suffit à pourvoir à ses besoins, à ceux de sa femme, de ses enfans et à ses charges envers l’État, il n’est point répréhensible aux yeux de la loi. Nous voulons employer tous les moyens compatibles avec la justice pour conserver le travail, mais sans toucher à la pleine et entière liberté individuelle de l’affranchi, L’esclavage lui a malheureusement appris que l’on peut vivre avec un ou deux jours de travail par semaine, s’il lui convient de ne pas s’occuper davantage, nous ne reconnaissons pas à la société le droit de l’y forcer. Qu’elle l’y amène par une bonne direction politique.

Mendicités.

La mendicité est inexcusable aux colonies où l’ouvrage ne manque jamais aux bras de bonne volonté. La mendicité comme le vagabondage est un crime de lèse civilisation, car

« Le citoyen pauvre, mis par la maladie hors d’état de pouvoir travailler, sera reçu et soigné à l’hôpital jusqu’à parfaite guérison. »