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cordiaux, dont l’excès fait des poisons, c’est-à-dire comme remède.

On peut le dire d’une manière presqu’absolue, la modération est un sûr préservatif contre la fièvre jaune.

Nous disions déjà en 1833, « c’est un préjugé de croire que les blancs ne peuvent pas supporter la chaleur du climat des Antilles, ne sont-ce pas des blancs, des européens qui ont défriché et fondé toutes les colonies sans le secours d’un esclave ? Comment seraient-ils devenus inhabiles à en continuer l’exploitation, aujourd’hui que tant d’améliorations pourraient être introduites si l’esprit routinier des planteurs cédait enfin aux progrès de l’Europe. »

Cet avis est encore tout-à-fait le nôtre. La vérité est qu’en toute hypothèse, il n’y a réellement que les plages qui soient fiévreuses et redoutables. L’intérieur des îles, grâce à l’élévation du terrain[1], est un séjour délicieux et le plus sain de la terre ; on y connaît à peine les maladies, les brises y rafraichissent l’air sans cesse et tempèrent les violences du soleil. Il nous est arrivé d’avoir froid dans les mornes des Antilles. M. Lacharrière, président de la Cour royale de la Guadeloupe, vieux créole, dont la bonne foi est à l’abri de tout soupçon et qui s’exprimait ainsi d’ailleurs, à une époque où il n’avait pas encore été question d’émigration, a dit : « Les montagnes des Antilles leur procurent une variété de températures qui permet d’accoutumer par degré

  1. La hauteur commune du voyage que nous avons fait en parcourant la Jamaïque, était de 1,500 pieds au-dessus du niveau de la mer.