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CHAPITRE XXV.

ESSAI DE LÉGISLATION PROPRE À FACILITER L’ÉMANCIPATION EN MASSE ET SPONTANÉE.


L’émancipation générale proclamée, il est important de dissiper les craintes des timides pour la paix publique, et de prévenir les tentatives des hommes pervers qui croient gagner quelque chose aux désordres.

Garnisons.

« Les garnisons des colonies seront donc augmentées du nombre de troupes que les autorités locales indiqueront comme nécessaires. »

« Un corps de troupes noires sera créé dans chaque colonie[1]. »

Hospices et hôpitaux.

Les esclaves rendus à la dignité humaine, appelés à la vie de citoyens, ne peuvent en aucun cas être distraits de la loi commune. Ils

  1. C’est ici le lieu de remettre en lumière un très beau projet dû à M. Beauvallon, de la Guadeloupe, et communiqué il y a deux ans à la Sentinelle de l’Armée, par M. Éd. Bouvet. Nous approuvons d’autant plus le fonds des idées exposées dans la lettre ci-dessous que leur adoption permettrait d’envoyer aux îles tous les régimens de l’armée, à tour de rôle, et de supprimer les corps spéciaux chargés aujourd’hui du service colonial.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    « Il s’agirait d’établir la conscription dans nos colonies des Antilles, aux mêmes conditions que dans la métropole. Elle porterait sur toutes les classes libres, sans distinction de couleurs.

    « La Guadeloupe, par exemple, à elle seule fournirait facilement un bataillon.

    « Les pères de famille auraient un moyen de remplacement pour leurs fils, simple et facile, ce serait de fournir un de leurs noirs jugé acceptable par une commission, et rendu libre à l’instant.

    « Ce bataillon colonial serait destiné à un service de protection et de sûreté dans l’intérieur de la colonie, pendant les huit à neuf mois où la fièvre jaune cesse ses ravages. Aussitôt l’invasion de la recrudescence, il descendrait dans les villes et postes du littoral, et nos soldats européens prendraient des cantonnemens dans diverses positions salubres. Alors les troupes européennes des Antilles ne seraient plus décimées, le fléau ne les atteindrait plus.

    Une surabondance de population de couleur plus ou moins foncée serait