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lement meurtrière qu’une autre, et que le soleil ne tue plus volontiers celui qui plante une canne que celui qui plante un pied de tabac ou de mûrier. Qu’a-t-on à objecter à cet exemple ?

On encourage beaucoup l’introduction des émigrans à la Jamaïque, il y en a déjà un certain nombre répandu dans la campagne, et ceux qui sont bien soignés ne courent aucun danger.

Sur une sucrerie de cette île, paroisse Clarendon, cent soixante européens se livrent depuis deux ans à tous les travaux sans distinction d’un atelier, ils n’ont eu que dix-sept morts : quatre hommes, trois femmes et dix enfans. Nous le tenons d’eux-mêmes. Nous avons encore rencontré à la Jamaïque des émigrés sur la caféière de l’hermitage appartenant à M. le docteur Spalding, tous ces hommes se félicitaient de leur séjour dans l’île.

S’il était permis de se citer soi-même, nous dirions qu’à deux époques de notre vie, jeune et touchant à la maturité, nous avons parcouru les pays à fièvre jaune, autrefois la Havane, la Vera-Cruz, la Nouvelle Orléans, aujourd’hui les Antilles. Nous y avons passé les mois d’hivernage quand nos convenances de voyageur l’exigeaient ; nous ne nous sommes pas privé de visiter les hôpitaux, ni d’y étudier les cas qui se présentaient à nous, et jamais le mal ne nous a touché, jamais nous n’avons eu que des indispositions de fatigue. Nous ne changeâmes jamais rien, il est vrai, à nos habitudes de régime ; nous ne bûmes jamais ni vin, ni eau-de-vie, ni rhum, que pour ce que valent ces