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pas possible de les exploiter sans user de violence envers quelques-uns de ses semblables. Il y a bien encore assez de sol en friche sur le globe, pour ne pas peupler celui qui ne le veut pas être. Tout en admirant l’humanité dans les prodigieux travaux qui ont transformé en terre-ferme les marais de la Hollande, nous avons grande pitié de la folie qui est venue là épuiser tant de force et de génie.

Mais que tous ceux qui comprennent l’immense valeur politique et industrielle des colonies se rassurent, les nègres voudront et les blancs pourront travailler. Alors que l’on n’aura plus à craindre de montrer aux noirs des blancs la houe à la main, ils se mêleront ensemble sur les champs des Antilles et de leur union, on verra sortir une activité nouvelle.

Les colonies ne doivent pas périr, elles ne périront pas, leur prospérité peut aller de front avec l’indépendance ; c’est dans l’indépendance que sera leur plus grande prospérité. Il n’est pas vrai que le travail libre soit impossible sous les tropiques, il ne s’agit que de savoir déterminer les moyens de l’obtenir ; et comme il n’est rien qu’il ne soit donné à l’homme de faire dans les limites de sa nature, on ne peut douter que cela soit possible. Toute la question pour nous se réduit donc là : organiser le travail libre.

Dans le chapitre suivant on verra ce que nous proposons pour atteindre ce grand but.


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