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La commission du conseil colonial de la Guyane française a dit : « Le travail libre est une chimère aux colonies, parce que le climat qui énerve l’homme, favorise sa paresse en lui offrant sans effort de sa part tout ce qui peut suffire à ses besoins[1]. »

La commission du conseil colonial de la Guadeloupe a dit : « Le travail cessera dans les colonies, sitôt qu’il deviendra facultatif [2]. »

La commission du conseil colonial de la Martinique a dit : « C’est notre conviction profonde, notre foi sincère qu’il est impossible de maintenir sans l’esclavage un travail fructueux sur nos habitations[3]. »

Si l’on devait croire à l’infaillibilité des conseils coloniaux et à la rigidité de leurs formules, toute discussion serait inutile, il y aurait après de tels arrêts une seule chose à répondre : « Puisque l’on ne peut obtenir de sucre tropical qu’au moyen de l’esclavage, il faut renoncer au sucre tropical ; puisque les colonies ne peuvent être cultivées que par des esclaves, il faut renoncer aux colonies, à moins toutefois que vous tous partisans de la servitude vous ne consentiez à prendre la place des nègres par dévouement au sucre et aux colonies. Soumettez-vous volontairement au travail forcé, si vous le jugez utile pour fournir des marchandises d’encombrement à la marine de votre patrie ; mais n’espérez point que les honnêtes gens vous permettent plus long-temps d’y obliger des hommes qui s’inquiètent fort peu que votre marine et votre patrie aillent bien ou mal, par la raison qu’ils n’y ont aucun profit. »

Ce n’est pas là du tout l’opinion des planteurs. Au contraire, la chaleur des Antilles et ses influences énervantes étant données, ils en tirent la conclusion que les colonies ne pouvant être cultivées volontairement, il est juste d’y appliquer les

  1. Séance du 21 novembre 1838.
  2. Rapport de M. Chazelles, 1841.
  3. Séance du 31 octobre 1838.