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CHAPITRE XXIV.

RÉSUMÉ.


Si comme le disent les colons on ne peut cultiver les Antilles qu’avec des esclaves, il faut renoncer aux Antilles. — La raison d’utilité de la servitude pour la conservation des colonies est de la politique de brigands. — Une chose criminelle ne doit pas être nécessaire. — Périssent les colonies plutôt qu’un principe. — Il n’est pas vrai que le travail libre soit impossible sous les tropiques.


De tous les moyens qui se présentent pour opérer le changement que doit indispensablement subir l’état social de nos îles, et pour donner à leur existence une autre base que la servitude, celui qui offre le plus de chances favorables est donc, à notre avis, l’émancipation en masse pure et simple. Cette émancipation a pour elle la convenance, l’utilité, l’opportunité ; ses résultats immédiats seront pour les nègres faits libres ; la probabilité de ses heureuses conséquences finales doit fixer le colon sur la réalité de ses avantages.

Établir l’ordre au milieu de la cohue momentanée des nouveaux libres n’est point ce qui nous embarrasse. La contenance admirablement calme et douce des huit cent mille affranchis de l’Angleterre ne peut laisser de ce côté aucune crainte dans les esprits sérieux et de bonne foi ; leur conduite a fait évanouir le lugubre fantôme des massacres que l’on prédisait pour le saint jour de la liberté. Organiser le travail nous paraît être la seule, la grande difficulté ! À ce sujet, avant d’aller plus loin, nous avons besoin de dire un mot sur l’ensemble de la question.

La commission du conseil colonial de Bourbon a dit : « Le travail libre sera toujours impossible à obtenir sous les tropiques[1]. »

  1. Séance du 6 février 1839.